Poema sul disastro di Lisbona [di François Marie Arouet de Voltaire]

Panorama-Castello

Pubblichiamo insieme con il Poema sul disastro di Lisbona di Voltaire un frammento di  “Il pamphlet che scosse le fondamenta della Teodicea”, introduzione all’edizione tradotta e curata da Francesco Tanini( PrimaPrima edizione: Hyroniche Edizioni Telematiche, marzo 2006 – Copia telematica disponibile gratuitamente):

Il 1° novembre 1755 Lisbona fu sconvolta da un terribile terremoto che fece circa trentamila vittime. La notizia suscitò molta impressione in tutta Europa ma eventi simili, e anche più gravi, avevano di recente ugualmente impressionato l’opinione pubblica, come, nel non lontano1699, in Cina il terremoto che inghiottì 400.000 persone o, pochi anni prima, nel 1750, quello, fortissimo, che aveva distrutto quasi tutta la città di Fiume e sommerso un intero isolotto.

Quello che dette una risonanza infinitamente superiore al disastro di Lisbona fu che in questa occasione, in pieno secolo di “filosofia dei Lumi”, il re dei philosophes, François Marie Arouet de Voltaire, con l’ immediata pubblicazione del Poema sul disastro di Lisbona (già redatto praticamente alla fine di novembre), lanciò una sorta di proclama contro i sostenitori di teorie giustificazioniste e consolatorie sui mali del mondo. Il bersaglio erano i fautori delle teodicee tradizionali e, naturalmente, in primo luogo la teologia cristiana di cui si era fatto vessillifero il Leibniz teorizzando che tutto è bene in questo nostro mondo, da lui perciò definito come il migliore dei mondi possibili.

Nella Prefazione all’ edizione del 1759 Voltaire scriveva di se stesso: “L’ autore si erge contro gli abusi che si sono potuti fare dell’ antico assioma tutto è bene. Egli adotta questa triste e più antica verità, riconosciuta da tutti, che c’ è del male sulla terra e confessa che l’ espressione tutto è bene, presa in un senso assoluto e senza la speranza di un futuro, non è che un insulto ai dolori della nostra vita.”

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O malheureux mortels! ô terre déplorable!

O de tous les mortels assemblage effroyable!

D’inutiles douleurs éternel entretien!

Philosophes trompés qui criez: “Tout est bien”

Accourez, contemplez ces ruines affreuses

Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,

Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,

Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;

Cent mille infortunés que la terre dévore,

Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,

Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours

Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours!

Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,

Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,

Direz-vous: “C’est l’effet des éternelles lois

Qui d’un Dieu libre et bon nécessitent le choix”?

Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:

“Dieu s’est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes”?

Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants

Sur le sein maternel écrasés et sanglants?

Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices

Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?

Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Paris.

Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,

De vos frères mourants contemplant les naufrages,

Vous recherchez en paix les causes des orages:

Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,

Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.

Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes

Ma plainte est innocente et mes cris légitimes

Partout environnés des cruautés du sort,

Des fureurs des méchants, des pièges de la mort

De tous les éléments éprouvant les atteintes,

Compagnons de nos maux, permettez-nous les plaintes.

C’est l’orgueil, dites-vous, l’orgueil séditieux,

Qui prétend qu’étant mal, nous pouvions être mieux.

Allez interroger les rivages du Tage;

Fouillez dans les débris de ce sanglant ravage;

Demandez aux mourants, dans ce séjour d’effroi

Si c’est l’orgueil qui crie “O ciel, secourez-moi!

O ciel, ayez pitié de l’humaine misère!”

“Tout est bien, dites-vous, et tout est nécessaire.”

Quoi! l’univers entier, sans ce gouffre infernal

Sans engloutir Lisbonne, eût-il été plus mal?

Etes-vous assurés que la cause éternelle

Qui fait tout, qui sait tout, qui créa tout pour elle,

Ne pouvait nous jeter dans ces tristes climats

Sans former des volcans allumés sous nos pas?

Borneriez-vous ainsi la suprême puissance?

Lui défendriez-vous d’exercer sa clémence?

L’éternel artisan n’a-t-il pas dans ses mains

Des moyens infinis tout prêts pour ses desseins?

Je désire humblement, sans offenser mon maître,

Que ce gouffre enflammé de soufre et de salpêtre

Eût allumé ses feux dans le fond des déserts.

Je respecte mon Dieu, mais j’aime l’univers.

Quand l’homme ose gémir d’un fléau si terrible

Il n’est point orgueilleux, hélas! Il est sensible.

Les tristes habitants de ces bords désolés

Dans l’horreur des tourments seraient-ils consolés

Si quelqu’un leur disait: “Tombez, mourez tranquilles;

Pour le bonheur du monde on détruit vos asiles.

D’autres mains vont bâtir vos palais embrasés

D’autres peuples naîtront dans vos murs écrasés;

Le Nord va s’enrichir de vos pertes fatales

Tous vos maux sont un bien dans les lois générales

Dieu vous voit du même oeil que les vils vermisseaux

Dont vous serez la proie au fond de vos tombeaux”?

A des infortunés quel horrible langage!

Cruels, à mes douleurs n’ajoutez point l’outrage.

Non, ne présentez plus à mon coeur agité

Ces immuables lois de la nécessité

Cette chaîne des corps, des esprits, et des mondes.

O rêves des savants! ô chimères profondes!

Dieu tient en main la chaîne, et n’est point enchaîné

PIl est libre, il est juste, il n’est point implacable.

Pourquoi donc souffrons-nous sous un maître équitable?

Voilà le noeud fatal qu’il fallait délier.

Guérirez-vous nos maux en osant les nier?

Tous les peuples, tremblant sous une main divine

Du mal que vous niez ont cherché l’origine.

Si l’éternelle loi qui meut les éléments

Fait tomber les rochers sous les efforts des vents

Si les chênes touffus par la foudre s’embrasent,

Ils ne ressentent point des coups qui les écrasent:

Mais je vis, mais je sens, mais mon coeur opprimé

Demande des secours au Dieu qui l’a formé.

Enfants du Tout-Puissant, mais nés dans la misère,

Nous étendons les mains vers notre commun père.

Le vase, on le sait bien, ne dit point au potier:

“Pourquoi suis-je si vil, si faible et si grossier?”

Il n’a point la parole, il n’a point la pensée;

Cette urne en se formant qui tombe fracassée

De la main du potier ne reçut point un coeur

Qui désirât les biens et sentît son malheur

“Ce malheur, dites-vous, est le bien d’un autre être.”

De mon corps tout sanglant mille insectes vont naître;

Quand la mort met le comble aux maux que j’ai soufferts

Le beau soulagement d’être mangé des vers!

Tristes calculateurs des misères humaines

Ne me consolez point, vous aigrissez mes peines

Et je ne vois en vous que l’effort impuissant

D’un fier infortuné qui feint d’être content.

Je ne suis du grand tout qu’une faible partie:

Oui; mais les animaux condamnés à la vie,

Tous les êtres sentants, nés sous la même loi,

Vivent dans la douleur, et meurent comme moi.

Le vautourar son choix bienfaisant tout est déterminé:

acharné sur sa timide proie

De ses membres sanglants se repaît avec joie;

Tout semble bien pour lui, mais bientôt à son tour

Un aigle au bec tranchant dévore le vautour;

L’homme d’un plomb mortel atteint cette aigle altière:

Et l’homme aux champs de Mars couché sur la

poussière, Sanglant, percé de coups, sur un tas de mourants,

Sert d’aliment affreux aux oiseaux dévorants.

Ainsi du monde entier tous les membres gémissent;

Nés tous pour les tourments, l’un par l’autre ils périssent:

Et vous composerez dans ce chaos fatal

Des malheurs de chaque être un bonheur général!

Quel bonheur! ô mortel et faible et misérable.

Vous criez: “Tout est bien” d’une voix lamentable,

L’univers vous dément, et votre propre coeur

Cent fois de votre esprit a réfuté l’erreur.

Eléments, animaux, humains, tout est en guerre.

Il le faut avouer, le mal est sur la terre:

Son principe secret ne nous est point connu.

De l’auteur de tout bien le mal est-il venu?

Est-ce le noir Typhon, le barbare Arimane,

Dont la loi tyrannique à souffrir nous condamne?

Mon esprit n’admet point ces monstres odieux

Dont le monde en tremblant fit autrefois des dieux.

Mais comment concevoir un Dieu, la bonté même,

Qui prodigua ses biens à ses enfants qu’il aime,

Et qui versa sur eux les maux à pleines mains?

Quel oeil peut pénétrer dans ses profonds desseins?

De l’Etre tout parfait le mal ne pouvait naître;

Il ne vient point d’autrui, puisque Dieu seul est maître:

Il existe pourtant. O tristes vérités!

O mélange étonnant de contrariétés!

Un Dieu vint consoler notre race affligée;

Il visita la terre et ne l’a point changée!

Un sophiste arrogant nous dit qu’il ne l’a pu;

“Il le pouvait, dit l’autre, et ne l’a point voulu:

Il le voudra, sans doute”; et tandis qu’on raisonne,

Des foudres souterrains engloutissent Lisbonne,

Et de trente cités dispersent les débris,

Des bords sanglants du Tage à la mer de Cadix.

Ou l’homme est né coupable, et Dieu punit sa race,

Ou ce maître absolu de l’être et de l’espace,

Sans courroux, sans pitié, tranquille, indifférent,

De ses premiers décrets suit l’éternel torrent;

Ou la matière informe à son maître rebelle,

Porte en soi des défauts nécessaires comme elle;

Ou bien Dieu nous éprouve, et ce séjour mortel

N’est qu’un passage étroit vers un monde éternel.

Nous essuyons ici des douleurs passagères:

Le trépas est un bien qui finit nos misères.

Mais quand nous sortirons de ce passage affreux,

Qui de nous prétendra mériter d’être heureux?

Quelque parti qu’on prenne, on doit frémir, sans doute

Il n’est rien qu’on connaisse, et rien qu’on ne redoute.

La nature est muette, on l’interroge en vain;

On a besoin d’un Dieu qui parle au genre humain.

Il n’appartient qu’à lui d’expliquer son ouvrage,

De consoler le faible, et d’éclairer le sage.

L’homme, au doute, à l’erreur, abandonné sans lui,

Cherche en vain des roseaux qui lui servent d’appui.

Leibnitz ne m’apprend point par quels noeuds invisibles,

Dans le mieux ordonné des univers possibles,

Un désordre éternel, un chaos de malheurs,

Mêle à nos vains plaisirs de réelles douleurs,

Ni pourquoi l’innocent, ainsi que le coupable

Subit également ce mal inévitable.

Je ne conçois pas plus comment tout serait bien:

Je suis comme un docteur, hélas! je ne sais rien.

Platon dit qu’autrefois l’homme avait eu des ailes,

Un corps impénétrable aux atteintes mortelles;

La douleur, le trépas, n’approchaient point de lui.

De cet état brillant qu’il diffère aujourd’hui!

Il rampe, il souffre, il meurt; tout ce qui naît expire;

De la destruction la nature est l’empire.

Un faible composé de nerfs et d’ossements

Ne peut être insensible au choc des éléments;

Ce mélange de sang, de liqueurs, et de poudre,

Puisqu’il fut assemblé, fut fait pour se dissoudre;

Et le sentiment prompt de ces nerfs délicats

Fut soumis aux douleurs, ministres du trépas:

C’est là ce que m’apprend la voix de la nature.

J’abandonne Platon, je rejette Epicure.

Bayle en sait plus qu’eux tous; je vais le consulter:

La balance à la main, Bayle enseigne à douter,

Assez sage, assez grand pour être sans système,

Il les a tous détruits, et se combat lui-même:

Semblable à cet aveugle en butte aux Philistins

Qui tomba sous les murs abattus par ses mains.

Que peut donc de l’esprit la plus vaste étendue?

Rien; le livre du sort se ferme à notre vue.

L’homme, étranger à soi, de l’homme est ignoré.

Que suis-je, où suis-je, où vais-je, et d’où suis-je tiré?

Atomes tourmentés sur cet amas de boue

Que la mort engloutit et dont le sort se joue,

Mais atomes pensants, atomes dont les yeux,

Guidés par la pensée, ont mesuré les cieux;

Au sein de l’infini nous élançons notre être,

Sans pouvoir un moment nous voir et nous connaître.

Ce monde, ce théâtre et d’orgueil et d’erreur,

Est plein d’infortunés qui parlent de bonheur.

Tout se plaint, tout gémit en cherchant le bien-être:

Nul ne voudrait mourir, nul ne voudrait renaître.

Quelquefois, dans nos jours consacrés aux douleurs,

Par la main du plaisir nous essuyons nos pleurs;

Mais le plaisir s’envole, et passe comme une ombre;

Nos chagrins, nos regrets, nos pertes, sont sans nombre.

Le passé n’est pour nous qu’un triste souvenir;

Le présent est affreux, s’il n’est point d’avenir,

Si la nuit du tombeau détruit l’être qui pense.

Un jour tout sera bien, voilà notre espérance;

Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion.

Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison.

Humble dans mes soupirs, soumis dans ma souffrance,

Je ne m’élève point contre la Providence.

Sur un ton moins lugubre on me vit autrefois

Chanter des doux plaisirs les séduisantes lois:

D’autres temps, d’autres moeurs: instruit par la vieillesse,

Des humains égarés partageant la faiblesse

Dans une épaisse nuit cherchant à m’éclairer,

Je ne sais que souffrir, et non pas murmurer.

Un calife autrefois, à son heure dernière,

Au Dieu qu’il adorait dit pour toute prière:

“Je t’apporte, ô seul roi, seul être illimité,

Tout ce que tu n’as pas dans ton immensité,

Les défauts, les regrets, les maux et l’ignorance.”

Mais il pouvait encore ajouter l’espérance.

1 “Sub Deo justo nemo miser mereatur” (S.Agostino)

2 Principio del male secondo gli Egizi.

3 Principio del male secondo i Persiani.

4 Cioè da un altro principio.

5 Un filosofo inglese ha sostenuto che il mondo fisico aveva dovuto essere cambiato al primo avvenimento come il mondo morale.

6 Ecco, con il criterio dei due principî, tutte le soluzioni che si presentano allo spirito umano in questa grande difficoltà; e soltanto la rivelazione può insegnare quel che lo spirito umano non potrebbe capire. ebbe capire.

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Traduzione

Poveri umani! e povera terra nostra!

Terribile coacervo di disastri!

Consolatori ognor d’inutili dolori!

Filosofi che osate gridare tutto è bene,

venite a contemplar queste rovine orrende:

muri a pezzi, carni a brandelli e ceneri.

Donne e infanti ammucchiati uno sull’ altro

sotto pezzi di pietre, membra sparse;

centomila feriti che la terra divora,

straziati e insanguinati ma ancor palpitanti,

sepolti dai lor tetti, perdono senza soccorsi,

tra atroci tormenti, le lor misere vite.

Ai lamenti smorzati di voci moribonde,

alla vista pietosa di ceneri fumanti,

direte : è questo l’effetto delle leggi eterne

che a un Dio libero e buono non lasciano la scelta?

Direte, vedendo questi mucchi di vittime:

fu questo il prezzo che Dio fece pagar pei lor peccati?

Quali peccati ? Qual colpa han commesso questi infanti

schiacciati e insanguinati sul materno seno?

La Lisbona che fu conobbe maggior vizi

di Parigi e di Londra, immerse nei piaceri?

Lisbona è distrutta e a Parigi si balla.

Tranquilli spettatori, spiriti intrepidi,

dei fratelli morenti assistendo al naufragio

voi ricercate in pace le cause dei disastri;

ma se avvertite i colpi avversi del destino,

divenite più umani e come noi piangete.

Credetemi, allorquando la terra c’inghiotte negli abissi

innocente è il lamento e legittimo il grido:

ovunque avvolti in una crudele sorte,

in furori malvagi e imboscate mortali,

subendo l’attacco di tutti gli Elementi:

compagni dei miei mali, possiamo pur lamentarci.

E’ l’orgoglio, direte, il ripugnante orgoglio

che ci fa dir che il mal poteva esser minore.

Interrogate, orsù, le sponde del mio Tago,

frugate, orsù, fra le macerie insanguinate,

chiedete ai moribondi, in preda a gran terrore,

se è l’orgoglio che grida: “aiutami o cielo!

O ciel, pietà per le miserie umane!”

“Tutto è bene , voi dite, e tutto è necessario”.

Senza questo massacro, senza inghiottir Lisbona,

l’ universo peggior sarebbe dunque stato ?

Siete davvero certi che la causa eterna

che tutto può, che tutto sa, creando per se stessa

non poteva gettarci in questi tristi climi

senza accenderci sotto dei vulcani?

Così limitereste la potenza suprema?

D’esser clemente allor le impedireste?

Non ha forse l’eterno artigian nelle sue mani

Mezzi infiniti adatti ai suoi disegni?

Umilmente vorrei, senza offendere il Signore,

che questo abisso infiammato di zolfo e salnitro,

avesse acceso il fuoco in un deserto;

rispetto Dio, ma amo l’universo.

Se l’uomo osa dolersi di un sì terribile flagello

non è perché è orgoglioso, ahimè, ma sofferente .

I poveri abitanti di queste desolate rive,

tra gli orrendi tormenti sarebber consolati

se qualcun gli dicesse : “Sprofondate e morite tranquilli,

le vostre case per il bene del mondo son distrutte;

altre mani costruiranno altri palazzi;

altra gente avrà i muri che qui oggi vedete cader;

il Nord si arricchirà delle vostre odierne perdite,

i vostri mali d’ oggi sono un ben sul piano generale;

agli occhi di Dio uguali siete ai vili vermicelli

di cui sarete preda nel fondo della fossa”?

Orribile linguaggio per degli infortunati!

Crudeli! Non aggiungete oltraggio al mio dolore!

Non opponete più alla mia angoscia

le immutabili Leggi di Necessità:

questa catena di corpi, di spiriti e di mondi.

O sogni dei sapienti! O abissali chimere!

Dio tiene in man la catena e non è incatenato;

Dalla sua saggia scelta tutto è stabilito:

Egli è libero, giusto e affatto implacabile.

Perché dunque soffriam sotto un Signore equanime1?

Ecco il nodo fatal che scioglier si doveva.

Osando negarli guarirete i mali nostri?

Le genti tremebonde sotto una man divina

Del mal che voi negate han cercato il perché.

Se la legge che da sempre governa gli elementi

può far cader le rocce con lo spirar dei venti,

se le querce frondute s’incendian con la folgore,

pur non avvertono i colpi che le atterrano;

ma io vivo, io sento ed il mio cuore oppresso

chiede soccorso al creatore Iddio;

suoi figli, sì, ma nati nel dolore,

tendiam le mani al nostro unico padre.

Il vaso, si sa, non domanda al vasaio:

perchè mi facesti così vil, caduco e grossolano?

Esso non può parlare né pensare:

quest’urna che si forma, che a terra cade in pezzi

dall’artigian non ricevette un cuore

per anelare il bene ed avvertire il male.

Il suo mal, dite voi, è il ben di un altro…

Il mio corpo insanguinato darà vita a mille insetti.

Quando la morte pon fine ai mali che ho sofferto,

un bel conforto è quello di andare in pasto ai vermi!

Squallidi disquisitori delle miserie umane,

anziché consolarmi, le mie pene rendete ancor più

amare; e in voi non vedo che lo sforzo impotente

di indomito ferito che vuol dirsi contento.

Del tutto io non son che un picciol pezzo:

è ver; ma gli animali condannati a vivere,

tutti soggetti ad una stessa legge,

vivono nel dolore e muoion come me.

L’avvoltoio avvinghiata la timida preda

lieto si pasce delle sue carni insanguinate:

tutto sembra andar bene per lui; ma ben presto, a sua

volta, un’aquila dal becco tagliente divora l’avvoltoio.

L’uomo colpisce col piombo micidial l’aquila altera,

finché lui stesso, in battaglia, disteso sulla polvere,

sanguinante e trafitto dai colpi, con altri moribondi,

serve da cibo orrendo agli uccelli rapaci.

Così del Mondo intero tutti i viventi gemono,

nati per il dolor, si dan l’un l’altro morte.

E voi ricomponete, da questo caos fatale,

dal male di ogni essere, la gioia generale?

Quale felicità ! o debole e misero mortale!

“Tutto è bene” gridate con stridula voce:

l’universo vi smentisce, e il vostro stesso cuore

cento volte ha smentito il vostro errore.

Elementi, animali, umani tutto è in guerra.

Confessiamolo pure, il male è sulla terra:

la ragione profonda è sconosciuta.

Dall’autor d’ogni ben provenne il male?

E’ forse il nero Tifone2, il barbaro Arimanno3

che con legge tirannica al male ci condanna?

La mente non ammette questi mostri odiosi,

che il mondo tremebondo degli antichi aveva fatto Dei.

Ma come concepire un Dio, la bontà stessa,

che prodigò i suoi beni alle creature amate,

che poi versò su loro i mali a piene mani?

Qual occhio penetrar può i suoi profondi fini?

Dall’ Essere Perfetto il mal non poté nascere;

Non può venir da altri4, ché solo Dio è Padrone.

Eppure esiste. O tristi verità!

O strano intreccio di contraddizioni!

Un Dio venne a consolar la nostra razza afflitta,

la terra visitò senza cambiarla5.

Un sofista arrogante sostien che nol poté;

lo poteva, afferma un altro, ma non l’ha voluto.

Lo vorrà, senza dubbio; ma mentre ragioniamo,

folgori sotterranee inghiottono Lisbona,

e di trenta città disperdon le rovine,

dal greto insanguinato del Tago a Gibilterra.

O l’uom nacque colpevole e la sua razza Iddio punisce;

o il Padrone assoluto del mondo e dello spazio,

senza collera e senza pietà, tranquillo e indifferente,

contempla del suo primo voler gli eterni effetti;

o la materia informe, ribelle al suo padrone,

porta con sé i difetti, com’essa necessari;

o Dio vuol metterci alla prova, ed il mortal soggiorno6

altro non è che un misero passaggio al mondo eterno.

Patiamo qui dolori passeggeri;

la morte è un bene che alle nostre miserie pone fine;

ma quando usciremo da quest’orrendo passaggio

chi di noi potrà dir di meritare la felicità?

Quale che sia la nostra decisione, c’è da tremare infatti:

nulla conosciamo e nulla è senza tema.

Muta è Natura e invan la interroghiamo:

ci occorre un Dio che parli all’uomo;

spetta a lui di spiegar l’opera sua,

di consolare il debole e illuminare il saggio.

Al dubbio abbandonato e all’error, senza il suo aiuto,

l’uomo invan cercherà il sostegno di un bastone.

Leibnitz non spiega con quali oscuri fili

nel più ordinato dei possibili universi,

un disordine eterno, un caos di sventure,

al nostro vano piacer dolor reale intrecci;

né mi spiega perchè, come il colpevole, pur l’innocente

debba subire il male senza scampo;

né capisco perché tutto sia bene:

ahimè! come un dottor io son che non sa niente.

Sostien Platone che l’uomo un dì fu alato

col corpo invulnerabile ai colpi mortali;

il dolore, la morte mai si avvicinavano

al suo stato di grazia, così diverso dall’odierno stato!

Si aggrappa, soffre, muore; ciò che nasce è destinato a

perire;

Della distruzione la natura è l’impero.

Un debole composto di nervi e di ossa

non può non risentir del turbinìo del mondo;

questo misto di polvere, liquidi e di sangue

fu impastato perché si dissolvesse;

e i pronti sensi di nervi tanto vivi

fur soggetti al dolor che poi gli dà la morte.

E’ questo che m’insegna la legge di Natura.

Abbandono Platone, respingo Epicuro .

Bayle ne sa più di tutti: lo vado a consultare:

bilancia alla mano, Bayle insegna a dubitare;

saggio e grande abbastanza per non aver sistemi,

li ha tutti distrutti, mettendo in discussione anche se

stesso: in ciò simile al cieco esposto ai Filistei

che cadde sotto i muri abbattuti con sue mani.

Che può dunque lo spirito vedere all’orizzonte?

Nulla: ché il libro del Destin si chiude alla sua vista.

L’uomo, estraneo a se stesso, all’uomo è sconosciuto.

Che sono? dove sono? dove vado? e donde vengo?

Atomi tormentati in questo ammasso di fango,

che la morte inghiotte e la cui sorte è in gioco;

ma atomi pensanti, atomi i cui occhi

guidati dal pensiero han misurato i cieli:

con tutto il nostro essere tendiamo all’infinito,

eppure non riusciamo a conoscere noi stessi .

Questo mondo, teatro dell’orgoglio e dell’errore,

di disgraziati è pieno che credon tutto bene.

Ognun si duole e geme mentre il bene cerca;

nessuno vuol morir, rinascere nemmeno7.

Eppur nei giorni destinati al dolore,

le lacrime asciughiamo col piacere;

ma il piacere svanisce e passa come un’ombra,

mentre le pene, le perdite e i rimpianti sono tanti.

Il passato non è che spiacevole ricordo,

oscuro è il presente se non c’è avvenire,

se il nulla sepolcrale distrugge l’io pensante.

Tutto ben sarà un giorno: è questa la speranza8;

tutto oggi è bene: è questa l’illusione.

I saggi mi ingannavan, solo Dio ha ragione.

Umile nei miei sospiri, prono nei miei dolori,

non me la prendo con la Provvidenza.

Di men lugubre umor fui visto un tempo

dei dolci piaceri cantar le leggi seducenti.

È cambiato col tempo il mio costume ed in vecchiaia,

partecipe di umana e malintesa debolezza,

cercando un po’ di luce nella notte oscura,

non posso che soffrire senza dir parola.

Una volta un Califfo, alla fin di sua vita,

al Dio che adorava rivolse una preghiera:

“Ti porto, unico Dio, che limiti non hai,

quel che non hai nel tuo potere immenso:

i difetti, i rimpianti, il male e l’ignoranza.”

Ma aggiungere poteva: la speranza

1 “Sub Deo justo nemo miser mereatur” (S.Agostino)

2 Principio del male secondo gli Egizi.

3 Principio del male secondo i Persiani.

4 Cioè da un altro principio.

5 Un filosofo inglese ha sostenuto che il mondo fisico aveva dovuto essere cambiato al primo avvenimento come il mondo morale.

6 Ecco, con il criterio dei due principî, tutte le soluzioni che si presentano allo spirito umano in questa grande difficoltà; e soltanto la

rivelazione può insegnare quel che lo spirito umano non potrebbe capire.

 

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